Procès d’Aliou Bah : une peine de 5 ans requise, la défense dénonce un acharnement politique
- Hamidou Diallo
- 22 avr.
- 2 min de lecture

Me Almamy Samory Traoré, avocat de la défense
Le ministère public durcit le ton
Ce mardi 22 avril, le procès en appel d’Aliou Bah, accusé d’offense et de diffamation contre le chef de l’État, a connu une nouvelle étape à la Cour d’appel de Conakry. Le procureur général Fallou Doumbouya a requis cinq ans de prison ferme, estimant que la condamnation initiale à deux ans était "dérisoire" au regard des faits reprochés.
Il s’est appuyé sur le code pénal guinéen, rappelant que dans le cas de cumul d’infractions, la peine la plus sévère devait s’appliquer. Selon lui, le premier jugement n’a pas respecté le minimum prévu par la loi.
La défense contre-attaque : “Une réquisition injustifiée”
Déclarations de Me Almamy Samory Traoré
En réponse, l’avocat d’Aliou Bah, Me Almamy Samory Traoré, a exprimé son incompréhension :
“Nous avions estimé qu’en demandant une aggravation de la peine, le procureur se baserait sur la loi. Mais son argumentaire est bancal.”
Il réfute l’idée que la loi spéciale de 2015, plus sévère, puisse s’appliquer dans ce dossier :
“Une loi spéciale ne s’applique que si elle est plus favorable au prévenu. Ce n’est pas le cas ici.”
Aucune attaque directe contre le chef de l’État
L’avocat affirme que son client n’a jamais tenu de propos diffamatoires ou insultants envers le président Mamadi Doumbouya :
“Il n’a jamais cité son nom ni tenu de propos offensants. Il a simplement évoqué des cas généraux, sans pointer une personne précise.”
Il rappelle que la liberté d’expression des acteurs politiques doit être préservée, surtout en période préélectorale :
“Les leaders doivent pouvoir critiquer les actions du gouvernement sans craindre des poursuites judiciaires.”
Appel à une justice indépendante
Me Traoré a également dénoncé les pressions politiques sur la justice, évoquant des aveux faits par des magistrats après l’arrivée du CNRD au pouvoir :
“Des magistrats ont reconnu avoir été influencés dans certaines affaires. Il est temps de couper le cordon ombilical entre la justice et le pouvoir.”
Enfin, il s’inquiète d’un alignement systématique des juges sur les réquisitions du parquet, citant le cas d’Aliou Bah comme exemple :
“Le procureur a requis deux ans, le juge a prononcé deux ans. C’est une tendance inquiétante qui remet en cause l’indépendance des décisions judiciaires.”
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